Question existentielle

Hj: ce topic a lieu au tout début de l'année, juste après les vacances d'été.

Je repasse les grilles de l'école pour la deuxième année. Ca a été très dur de repartir de chez moi, de laisser les chevaux, encore une fois. J'ai bien failli rester, ce coup-ci. Je maîtrise mieux la sorcellerie, mais pas assez, j'en suis bien conscient. Parfois, j'aimerais être un humain "normal". Pouvoir rester chez moi, comme n'importe quel ado "normal". Et puis il y a Ramiro aussi qui me pèse sur le coeur. Rien que de penser à lui, j'ai la gorge qui se noue. L'année dernière, c'est parti en vrille, si on peut dire et je ne sais plus bien où nous en sommes... Coucher avec son meilleur ami, ça veut dire quoi?

*Enfin me revoici! L'été en Argentine, c'était sympa, aider sa famille à déménager dans un meilleur quartier, jouer avec les petits au foot, ... C'était bien, vraiment. Mais revenir ici, c'est un peu comme la récompense de ces deux mois. Beaucoup de choses ont changé dans nos vies à tous en un an et maintenant, ils ont moins besoin de moi. Mais, plane sur ce retour, une ombre effrayante. Sam... Je le vois de dos et tout à coup je me demande comment je vais bien pouvoir réagir... Je n'y ai pas pensé de tout l'été, du moins pas de façon consciente, mais quelque part, ça ne m'a pas quitté. Coucher avec son meilleur ami... Mais bon sang, qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire???? Je m'approche, bien décidé à ne pas mettre notre amitié en jeu. Amour? Amitié? on verra, bien, n'est-ce pas?*

- Sam? Salut!

Je suis sincèrement ravi de le retrouver.*

C'est sa voix... J'avais déjà reconnu le bruit de ses pas sur les pavés. Je ne sais pas quoi faire, sincèrement. Je me retourne au ralenti, et ma bouche répond:

-Salut. T'as passé de bonnes vacances?

Mais mon coeur, lui, bat la chamade, et ma tête n'arrête pas de penser "j'ai envie de lui sauter dessus". Si seulement tout pouvait redevenir comme avant... Ce serait moins compliqué. Mais quand on y pense, entre nous, je crois qu'il y a toujours eu ça, sous-jacent. Je n'y avais jamais fait attention jusqu'au jour fatidique. Pourtant, je suis sorti avec un nombre de filles assez incroyable. A croire que ça ne veut rien dire...
N'empêche, s'il me pose la question retour, "et toi", qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire: "Non, j'ai pas arrêté de penser à toi!"? Je ne m'en sens pas vraiment le courage, allez comprendre!

- Ouais, on a encore déménagé!

*Je n'ai pas besoin de lui expliquer, il sait que depuis quelques temps, chaque été, nous déménageons dans un endroit chaque fois un peu mieux. Du semi-bidonville qu'on avait quand mon père était encore vivant au mobile home très comme il faut que nous avons acquis cet été, il y en a eu, des apparts... Cette fois-ci, je crois bien qu'on a le must de ce qu'on pourra avoir.*

- Il y a une douche dans le mobile home et on a nos WC personnels!

*Nul besoin de les partager avec ceux de la rue toute entière pour une fois!*

- Mes frères se partagent deux chambres et ma mère a la sienne. On a une petite télé aussi et un canapé! Ma mère se perd presque tellement ça lui fait drôle que tout ça soit à elle!

*Moi aussi d'ailleurs, je n'en reviens toujours pas qu'on ait eu l'argent de se loger là. Les ennuis d'argent ont l'air tellement loin à présent... Je reviens un instant quelques années en arrière, quand, à la rue, nous avons été sauvés in extremis par le directeur de Poudlard qui m'a proposé d'entrer dans son école et de faire un prêt à ma famille pour que je puisse le suivre. Depuis, notre sort n'a fait que s'améliorer et nous avons même remboursé le directeur.*

- Mais je suis content d'être revenu si c'est ce que tu veux savoir. Très content.

*Je me rends alors compte de l'accent terrible avec lequel je suis revenu. Chaque fois que je retourne en Argentine, j'en ramène cet accent à couper au couteau dont je ne parviens jamais à me défaire totalement.*

- Et toi? Bien, tes vacances?

*J'espère évidemment un signe, qui trahisse que lui aussi voudrait bien reprendre ce que nous avions laissé en plan la dernière fois. Enfin, pas si en plan que cela finalement... Je n'en reviens toujours pas qu'on soit passé à l'acte comme ça, direct. Surtout qu'en ce qui me concerne, c'était ma première fois. Des baisers, à des filles, ça m'était arrivé, n'exagérons rien, mais j'avais été plutôt chaste jusqu'alors...*

-Eh, vieux, tu sais que t'as ramené un accent pas possible?

C'est crétin comme moyen de diversion mais franchement, j'ai du mal me concentrer. Ses yeux me transpercent jusqu'au fond du cerveau, ça m'empêche de trouver des trucs intelligents à dire pour éviter le sujet que je veux absolument éviter.

-C'est bien que vous ayez trouvé mieux, les toilettes chez soi, c'est pas du superflux. Le directeur a toujours tout fait pour nous. je me souviens quand il est venu me chercher, au fin fond du Kentuky. Je n'avais pas, mais alors pas du tout, envie de le suivre. Il ne s'est pas démonté, il m'a montré le pour et le contre, et c'est aussi pour ça que j'accepte, finalement, d'être enfermé ici.

Ma tête est en grande ébulliton bon sang! Et cet accent en plus... Comment est-ce possible, moi, le coureur de jupons invétéré??!! Je crois que j'ai embrassé ma première fille à l'âge de trois ans alors c'est dire! Et j'ai eu ma première fois avec une fille aussi, à l'âge de 15 ans. C'est un signe non?

-Bien, les vacances. Tu sais, du moment que j'avais mes chevaux... On a eu trois naissances, deux appaloosas et un quarter horse. Et on a acheté notre tout premier mustang. Une belle bête, un peu fougueuse, mais ça devrait le faire. J'ai fait quelques balades avec, il ne vaut pas mon bon vieux Arizona mais il est assez sympa. Disons qu'Arizona est un éclair de vivacité, il comprend tout tout de suite, avec le mustang, c'était plus musclé.

Je soulève la manche de ma chemise: une longue écorchure boursoufflée part de mon poigner et grimpe jusqu'à l'épaule:

-Au galop dans la forêt, il a donné des coups de cul genre rodéo jusqu'à ce que je lache. J'ai réussi à tomber sur mes pieds et je le retenais par la bride, il m'a trainé sur une bonne centaine de mètres avant de s'arrêter. J'avais joué au con faut dire, un petit filet de rien du tout, le même genre que pour Cloud... Il lui aurait fallu un truc plus dur. Après je l'ai monté en rênes allemandes, ça allait beaucoup mieux.

De l'art de détourner la conversation...

*ça y est, il se déshabille... Cariente! Je ne sais pas s'il se rend vraiment compte de ce qu'il vient de faire... S'il enlève sa chemise, je lui roule un patin. Pourtant il n'a pas l'air de vouloir prendre cette direction...*

- Des vacances à cheval donc. C'est magnifique! Tu es content de revenir quand même?

*Je repose la question différemment, histoire d'avoir une vraie réponse... Je ne sais pas si ça a compté un tant soit peu pour lui, cette nuit volée à je ne sais trop quelle instance, mais personnellement, je sais ce que je veux. Pourtant j'ai peur de le lui dire comme ça, tout de go, parce qu'il n'a pas l'air d'avoir digéré ce qu'il s'est passé entre nous et j'ai peur qu'une décision trop rapide ne brise notre amitié. On se prépare de belles semaines de doute...*

Je surprends son regard sur mon bras puis sur moi : un regard qui me fait étrangement penser à celui de notre dernière soirée de l'année dernière ensemble... Un regard plus que compréhensible. Je me hâte de remettre ma chemise et j'enchaine, histoire de passer à autre chose. Ramiro est mon meilleur ami, normal que je l'adore après tout, mais ça ne veut pas dire que je sois amoureux de lui, si? Et lui non plus d'ailleurs, c'est sûrement juste de la compassion.

-J'ai dégusté, un truc de malade. Je te jure, avant que ça cicatrise... Je ne pouvais pas dormir de ce côté là, ni même mettre une manche dessus, ça brûlait c'était atroce.

Il repose la même question, mais plus directe: genre "ouais ouais, cool ton histoire de bourins, mais arrives-en aux faits, t'es content de me revoir?". Je suis coincé, je vais avoir du mal à m'en tirer par une pirouette. Mais m*** pourquoi je parle de pirouette? C'est mon meilleur ami, un mutant comme moi qui me comprend comme personne! Oublions l'année dernière et reprenons notre belle amitié, celle qui n'a connu aucune anicroche:

-Disons que je ne suis pas revenu à reculons, pas comme la première année. J'avais envie de rester chez moi mais en même temps, j'avais envie de revoir cette école, les profs, et puis toi bien sûr. On va s'éclater, cette année! Mon pote, tu m'as pas mal manqué quand même! L'année prochaine, faudrait que tu viennes passer des vacances, on se fera des bonnes balades, il y a des coins super. Et ce sera l'occasion de t'apprendre à monter. Pas de soucis, mes parents sont au fait des sorciers, tous mes frères et soeurs sont sorciers aussi. Bon, le reste de la ville l'ignore mais c'est pas un souci, ils sont sympas.

- Ok, je viendrai alors!

*Je suis étonné de cette proposition qui retourne complètement la situation. Apparemment, une relation amoureuse est exclue, pour le moment... Mais je ne dirais pas pour autant que c'est impossible. On verra bien, mais je ne sais pas si moi je tiendrai le temps qu'il faudra. Pourtant, il est nécessaire qu'il fasse le premier pas, parce que pour l'instant il n'est pas prêt, ça se voit. Je continue donc sur le ton de l'amitié.*

- Apprendre à monter à chevel, moi? Tu rêves je crois! Je ne suis tout simplement pas fait pour monter sur un animal. Et puis des chevaux, je n'en ai jamais vu qu'à la télé ou sur des livres, jamais en vrai, alors monter dessus, je ne suis pas persuadé que ce soit une bonne idée!

*J'essaye de ne pas suivre le mouvement de ses lèvres quand il parle, de me détacher de son regard... C'est difficile, d'autant plus que ce qu'il s'est passé cette nuit là n'était pas vraiment des plus pudiques... Comme dévoilement des sentiments, on ne fait pas mieux... Une étreinte amoureuse longue et tendre, comme un cri du coeur de l'amour qui se libère enfin... Une évidence dans la proximité et l'acte en lui même, fort et renversant. ça m'a chamboulé comme rien auparavant, un boulversement de tout ce qu'il y avait autour, une perte de contrôle magique...*

-Si c'est une bonne idée! D'ailleurs il y a des écuries ici, je pense qu'on pourrait se faire des séances! J'ai ramené Cloud et je suis sûr qu'il y en a des sympas, pour débuter!

Ses yeux transpercent vraiment les miens, ils les brûlent jusqu'au fin fond de leur prunelle et j'ai du mal à me concentrer sur autre chose. J'ai des flashs de cette nuit... Bon sang, je n'avais jamais ressenti ça, avec aucune fille. C'était intense, presque fusionnel. Je ne sais plus exactement comment on en est arrivé là mais ce qui est sûr, c'est que jamais je ne m'étais senti aussi heureux. Ma tête ne savait plus exactement ce que je faisais, c'était une attirance irrépréssible et je sens que cette attirance se refait sentir. J'ai envie de l'embrasser, comme l'autre nuit et de ne plus jamais m'arrêter. Pour éviter un débordement qui arrive déjà, je me tourne vers l'école:

-Et nous y revoilà! Heureusement, les cours ne recommencent pas aujourd'hui! Tu voudras aller faire un tour à Pré au lard?

Pré au lard, l'endroit rêvé pour rester sage, au moins le temps de se reprendre. Il y a tellement de monde que ça devrait me sauver de l'irréparable. Pas moyen de ressentir quelqu'attirance que ce soit au milieu d'une foule dense et bruyante. C'est précaire comme solution, mais c'est la seule que j'ai trouvée pour passer au moins la journée.

- Préaulard? Euh non, pas trop... Pas aujourd'hui, je sors à peine d'un bus bondé de monde, qui me sortait d'un avion bruyant car bondé de gens lui aussi, je ne me sens pas de rencontrer encore la foule à Préaulard. Mais vas-y toi si tu veux, je vais poser mes valises et aller prendre un bain dans la salle de bain des préfets. J'ai besoin de me détendre et de souffler un peu pour me remettre dans l'ambiance Poudlard et magie. Là je me sens encore un peu en Argentine.

*Quelle drôle d'idée d'aller à Préaulard aujourd'hui... Je jurerai qu'il n'a pas envie d'y aller, alors pourquoi diantre me le propose-t-il?? C'est plus qu'étrange mais je suis bien trop fatigué pour en penser quoi que ce soit. S'il veut aller prendre un bain de foule, grand bien lui en fasse, moi je vais aller roupiller dans l'eau chaude!*