Potiron et vermicelles

J'entre dans la Grande Salle en souriant, entouré d'amis, comme à mon habitude. Je salue le professeur Londubat au passage. J'adore cette sensation, j'ai l'impression que je contrôle l'école. Je connais tout le monde et surtout, tout le monde me connait. Il faut dire que sur nos trois derniers matchs, c'est moi qui ai attrapé le vif d'or et que ça a fait gagner l'équipe! Les Potter ont une solide réputation de vainqueurs.
Et puis je suis de bonne humeur ce midi, j'ai eu défense contre les forces du mal, ma spécialité, toute la matinée. Le patronus, un jeu d'enfant! Et je crois que Tania, la jolie blonde de chez Serdaigle, n'a pas été indifférente à mon magnifique lion, elle me suit depuis tout à l'heure et rit à chaque fois que j'ouvre la bouche. Je crois que c'est dans la poche! Et bingo:

-Euh, dis, Albus... Ca, enfin, heum tu sais que samedi on va à pré au lard alors je me demandais si... Si enfin, tu voudrais bien qu'on y aille ensemble?

Je souris de mon plus beau sourire: le sourire de la victoire:

-Oui, bonne idée! Mettons une heure, devant le lac?

Elle sourit et s'éloigne vers la table des serdaigle. Canon, la fille. Je m'assieds à côté d'Hugo, tant pis pour Gabriel et Florian, et lui donne une grande tape dans le dos:

-Alors mon vieux, bonne matinée?

Hugo, c'est vraiment l'archétype du mec adorable. On n'est pas faits sur le même modèle, ça, c'est certain! Mais il est impossible de le détester.

-Bof, pas terrible. Divination et potions, pas vraiment ma tasse de thé.

Et il se replonge dans sa soupe au potiron et vermicelles. Ca ne va pas fort, à ce que je vois... Mais quand Hugo est triste, impossible de lui faire dire quoi que ce soit, il faut attendre que ça passe. Il a du mal à se confier, enfin, à moi en tous cas. Et je ne lui en veux pas, je ne suis pas la personne la plus qualifiée pour épancher les coeurs... Je sors ma boîte argenté de mon sac et saisis le vif d'or qui s'y trouve. Pour passer le temps, je le laisse s'échapper puis le rattrappe négligemment. Je sais que Tania me regarde alors je prends l'air nonchalant du type qui fait ça toute la journée. Je sais, je sais, ça fait prétentieux et très "paon qui fait la roue" mais bon, je suis comme ça!

Qu'on ne se méprenne pas, j'adore les soins aux créatures magiques, mais PAS avec Hagrid! Une fois sur deux, on a le professeur Gobeplanche, et l'autre Hagrid. Expliquez-moi pourquoi je suis propre et entière après les cours de la première et sale et en morceaux après les cours du deuxième? Eh bien moi je vais vous dire pourquoi: parce que l'une nous fait étudier les licornes, les lutins, les fées, les sombrals, les elfes de maison, les dragons aussi mais en prenant les précautions nécessaires! et l'autre, juste les tritons mais sans aucune précaution! Ce qui fait que lorsqu'il y en a un qui décide de faire de vous une sirène, vous vous retrouvez trempée de la tête aux pieds, des algues dans les cheveux! Je suis dans un état lamentable! En plus, c'est ma spécialité de fin d'études: je veux être guérisseuse à Sainte Mangouste. J'aperçois Albus et Hugo assis ensemble et un sursaut de bonne humeur vient adoucir mon humeur plus qu'exécrable. Je m'assieds à côté de mon frère et dis, en essayant de chasser la fureur de ma voix:

-Salut les garçons! Eh, Albus, tu ne veux pas arrêter de nous faire ta star? On est dans la grande salle, là, pas sur le terrain de quidditch!

Je regarde du côté d'où viennent les rires les plus aigus: la table des serdaigle, une jolie blonde aux formes plus que généreuses:

-Ah, je comprends mieux! Le fan club de Potter est au spectacle! Allez, va, vu la manière dont elle rit, tu n'as plus besoin de te donner du mal, elle est sous le charme! Et vu le son qu'elle arrive à produire, elle est bien accrochée!

Observer les conquêtes d'Albus, c'est une vraie étude sociologique! Et après dix sept ans d'étude, j'en ai tiré une loi immuable: plus une fille veut attirer l'attention d'un garçon, plus elle rit fort! Je me suis fait un devoir d'être l'exception, celle qui confirme la règle. Pas du tout envie de ressembler au fan club plus qu'imposant de mon cher cousin.
Albus arrête de se balancer sur sa chaise et me fixe, sûrement pour me répondre, mais éclate de rire:

-Eh, depuis quand tu es fan du look "sirène"? C'est vrai que le vert va bien avec le roux mais les algues, c'est pas vraiment...

Je le coupe, mi amusée, mi furieuse:

-Pas de commentaire, s'il te plait!

Je fais une grimace à mon cousin toujours hillare, il y en a au moins un que ça fait rire!, et me tourne vers Hugo. Il ne dit rien, et c'est étrange. Je me penche vers lui pour tenter d'apercevoir ses yeux entre ses cheveux et l'assiette:

-Hugo, il y a quelque chose qui ne va pas?

Il me répond pas un borborigme qui doit vouloir dire "Tout va bien". C'est sans compter sur mon incapacité à rester de marbre face à lui lorsqu'il est triste, j'insiste:

-Allez, je vois bien que ça ne va pas...

Il lève la tête et je comprends: il ne veut pas parler devant Albus, parce qu'Albus, il est très gentil, mais moins discret, tu meurs. J'enchaine donc, l'air de rien:

-Bon, on mange quoi, aujourd'hui? Ah, super, potiron vermicelles, j'adore.
-En vrai, qu'est-ce qu'il t'est arrivé? me demande Hugo, un peu plus bavard que tout à l'heure.
-Et bien vois-tu, c'était la semaine "Hagrid". Je crois qu'on sait tous ce que ça veut dire...

Les gryffondor qui m'ont entendue, et même Albus, c'est dire!, me lancent un regard de compassion désolée: oui, la semaine Hagrid, ce n'est drôle pour personne...

*Je m'approchais tranquillement de la table où j'avais aperçu Rose quand soudain mes yeux entrèrent en contact avec un indésirable. Albus Potter. Evidemment. Je bifurque donc en direction de la table où mangent déjà mes amis, Warren et Neve. J'ai faim et le pain de viande a l'air succulent. Mes yeux, en cherchant le visage de Rose, tombent sur ce crétin d'Albus en train de faire son beau gosse avec un vif d'or à la con. Pour ne pas changer il fait son mâle d'opérette. Je me demanderai toujours comment il fait pour attirer autant les filles. Je m'assieds et commence à manger, en silence. Warren et Neve sont en train de parler de leur cours de la matinée, les défenses contre les forces du mal. Forcément Potter a encore fait des siennes et mes amis me racontent avec force de détails ses agissements ridicules. Comme si j'avais besoin de ça. Je sais que cet imbécile sait se faire remarquer.*

- Et toi alors, me demande Neve, tu as eu divination ce matin?

*J'acquiesse sans dire un mot, d'un hochement de tête, je n'ai pas envie d'en parler. la divination, c'est ma matière forte, mais je n'ai absolument pas envie de parler de mes exploits. Ils le savent et comprennent, c'est pourquoi Warren enchaine aussitôt avec autre chose, de bien plus intéressant, le prochain match de quidditch. Serpentard contre Poufsouffle. Ils n'ont pas une chance. Neve, comme à son habitude, sera dans les gradins pour nous soutenir et nous nous appliquerons à envoyer les Poufy à terre, là où est leur place. Warren a un bon coup de batte, et sans me vanter, moi aussi, ça va être de la tarte à la crème, ce match!*

*Il est vrai que je n'ai pas du tout envie de parler de mes histoires de coeur avec Albus, mais alors, pas du tout! Il serait capable d'aller la voir et de me foutre la honte pour au moins deux cents ans. En fait je n'ai pas envie d'en parler tout court pour être honnête, parce que je me doute bien que je n'ai pas une chance. Comment une fille belle comme une déesse pourrait-elle s'intéresser à un mec plus jeune qu'elle et en plus avec un physique on ne peut plus commun? Je n'ai ni le sourire enjôleur d'Albus, ni ses yeux rieurs qui attrappent les filles comme des mouches. Pour être franc, je n'ai rien qui puisse me permettre de l'accrocher. Elle me rend complètement dingue et je suis sur qu'elle connait à peine mon prénom... Elle a le charme d'une vélane, les yeux les plus purs que j'ai jamais vus et un parfum, mon Dieu, un parfum... Elle est ennivrante, exceptionnelle, merveilleuse...*

*J'arrive à la table des Serdaigles, où règne une ambiance de folie. Tania est rouge comme une tomate et s'esclaffe bruyamment sur un sujet qui me parait pourtant on ne peut plus banal. Mes yeux suivent son regard et soudain, je comprends. Albus. Bien sur, j'aurais du m'en douter! Mes yeux sont alors irrémédiablement attirés par le jeune homme brun à côté de lui, Hugo... Je pose distraitement mon plateau et commence à manger tout en admirant rêveusement sa nuque. Mes pensées divaguent, je m'y vois poser les mains, les passer dans ses cheveux, sur son visage,... Je dois être complètement cramoisie aussi en prenant conscience de tout ça, mais apparemment personne n'y a prêté attention. Le centre d'intérêt, c'est la sortie à Pré-au-lard et l'envie qu'ont les filles de la faire avec Albus. La petite veinarde du jour est Tania, les autres lui font donc une fête. Personnellement, je ne lui trouve aucun charme, rien de vraiment intéressant. Il est arrogant et fier de lui comme ce n'est pas permis. Pas de quoi en faire des insomnies. Lorsqu'il devient évident que personne ne parlera de rien d'autre que d'Albus autour de moi, je me replonge dans ma contemplation de la nuque d'Hugo, c'est beaucoup plus excitant.*

Bon sang que c'est bruyant là-dedans! Une fille de serdaigle monopolise l'espace sonore, c'est infernal. A-t-on idée d'être aussi gourde?! En passant à côté d'elle, je lance:

-C'est bon, tout le monde a bien compris que c'était toi qui avait le rire le plus ridicule de l'école!

Et puis je vais m'asseoir. Non mais franchement, ils se prennent pour qui, ces grattes papiers de serdaigle pour troubler la sérénité de la grande salle?
Super, Albus est déjà là. Mais bien entendu, plus une place ni à côté, ni en face. Qu'à cela ne tienne, je n'ai pas besoin d'être dans son champ de vision pour qu'il me remarque. Ne nous embarrassons pas de détails inutiles. Je me penche sur lui et lui glisse à l'oreille:

-Il faudrait que je te parle...

Les phrases mystérieuses, ça marche à tous les coups. Et puis j'ai remis du blush et du parfum, Mysterious Skin, avant d'entrer dans la salle, ça devrait faire son petit effet. Pas que je sois amoureuse d'Albus, non, il est beau comme un dieu, certes, mais justement, c'est pour ça que je le veux. C'est après lui que courent toutes les filles, si je l'avais pour moi toute seule, quelle victoire, lui qui change de copine toutes les semaines!

Je vais m'asseoir un peu plus loin, à côté d'une imbécile qui mange sa soupe au potiron pleine de crème, histoire de grossir encore un peu plus! Enfin, elle n'est plus à ça près...

Me parler? Si elle veut. Je lui jette un petit regard en passant: ouais, pas mal. Mais pour le moment, je concentre mes efforts sur Tania. D'ailleurs, qui a dit que je n'avais pas le droit de manger à une autre table que la mienne? Hugo n'est pas d'humeur bavarde et Rose est dans sa semaine Hagrid, c'est donc pire encore. Je lance à la ronde:

-Allez, salut la compagnie! A plus, Hugo!

Je lui redonne une tape dans le dos pour le réconforter, je ne sais pas si ça marche mais c'est tout ce dont je suis capable, et me lève. Je m'assieds à côté de Tania:

-Tu voudras qu'on s'entraîne aux patronus, ce soir? Je crois que mon lion et ta colombe peuvent bien s'entendre!

Elle rougit encore plus et répond, enthousiaste:

- Oui, bonne idée! Je maîtrise encore assez mal le sort, ce serait super que tu m'aides!

En réalité, elle se débrouille bien, mais elle et moi savons bien que ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Je souris de mon plus beau sourire: je suis en terrain conquis.

-C'est super alors!

Je me retourne vers le reste des serdaigles:

-Qui a envie de voir perdre serpentard samedi?

Je soulève l'enthousiasme et pourtant, tout le monde est déjà convaincu que poufsouffle n'a aucune chance de l'emporter. Mais on peut toujours rêver! Je sors de mon sac une écharpe aux couleurs de poufsouffle et la montre à la ronde:

-On en a fait toute une provision, si vous en voulez, rendez-vous ce soir dans la salle commune de Gryffondor, on fera la distribution et un petit pot pour encourager les poufsouffles!

Je souris: ah cet Albus... Un vrai lion, tout dans le rugissement... Mais je l'adore, malgré sa vantardise insatiable. Lorsque Jolene se penche, une effluve de parfum envahit la table. Le parfum, c'est comme le rire, plus on en met, plus on veut séduire. Elle n'aurait pas besoin de ça. Enfin, avec un autre qu'Albus, parce que lui, je ne sais pas à quoi il marche. Il charme tout le monde, mais selon des critères bien à lui. Il l'a à peine regardée, et pourtant, elle est beaucoup plus jolie que Tania. Beaucoup plus fine aussi, l'idée du parfum, c'est bien joué. Elle est subtile, c'est le mot. Mais j'ai bien peur qu'Albus ne soit pas attiré par le subtil, il est imperméable à la manipulation, c'est une grande force. Elle ne rougit pas, ne rit pas comme une baleine et ne s'impose pas à côté de lui. Elle ne le regarde pas non plus constamment, mais elle lui fait comprendre ce qu'elle veut. J'admire la technique. Pas Albus apparemment, il se lève et va s'asseoir à côté de Tania. Pas de chance miss Lemon, réessayez dans une semaine, quand il aura oublié Tania! Albus est d'une inconstance sentimentale à faire pâlir n'importe quel don juan mais il ne trompe jamais ses copines du moment, Jolene vient d'en faire les frais.
Je me tourne vers Hugo, il est encore plus mal que tout à l'heure. Entre temps, j'entends Albus qui propose ses écharpes. Bon sang, que ne ferait-il pour asticoter les serpentards? En tous cas, transformer notre salle commune en foire publique ne lui fait pas peur. Je me tourne vers Hugo à la fois pour exprimer ma colère, et à la fois pour le dérider:

-Je sais que je suis rabat-joie mais il n'y a vraiment que MOI qui suis contre l'idée de laisser envahir notre salle commune par les trois quart de l'école?

En disant cela, je jette un coup d'oeil à la table des serpentards et aperçois celui que je cherchais: Scorpion. Entouré de ses deux acolytes. Je me retourne vers la table des gryffondors interrogative. J'attends VRAIMENT une réponse.

*J'ai bien vu le demi bond qu'a fait Hugo à l'arrivée de Jolene... Du coup je me sens à la limite de vomir. C'est terrible ce sentiment, quelques secondes plus tôt, j'étais sur mon petit nuage et maintenant, je donnerais n'importe quoi pour pouvoir me mettre au fond de mon lit. Elle est d'une beauté incroyable, cette fille, je ne pourrai jamais rivaliser avec elle... Elle est le genre de tous les garçons, ils sont tous à ses pieds. Maintenant je sais que je n'ai aucune chance avec Hugo, je sais par expérience qu'il ne voit qu'elle. Il faut dire qu'à côté d'elle, nous paraissons toutes bien fades... Je ramasse mes affaires et quitte la table des Serdaigles rapidement, je n'ai plus faim du tout et des larmes ridicules viennent me piquer les yeux. Pour compléter le tableau, mon cerveau lance en boucle une chanson très appropriée dont je me serais bien passée, Runaway train: "Bought a ticket for a runaway train /Like a madman laughin' at the rain /Little out of touch, little insane /Just easier than dealing with the pain...*

Je rentre dans la grande salle, non pas pour manger, je n'ai vraiment pas faim ce midi, mais pour voir les personnes présentent et m'incruster dans leurs conversations. Albus est avec Tania et je ne compte pas aller leur tenir la chandelle, j'aperçois Rose et Hugo et m'approche d'eux.

- Salut vous deux.

Je regarde Rose un peu plus en détail.

- Tu as une mine affreuse toi. Ne me cache rien, c'est ta semaine Hagrid ?

*Cet Albus est un vrai crétin, il le confirme à chaque minute encore plus que celle d'avant. Il cherche les problèmes. Personnellement je serais ravi de lui écrabouiller le visage dans le pain de viande et de lui faire bouffer ses écharpes jusqu'à le voir suffoquer, mais ça ne servirait à rien, il serait toujours aussi insupportable. Exaspéré, je me retourne vers Warren. Il pense comme moi, ça se lit dans son visage tout à coup grave et fermé. Nous nous levons du même coup, interceptons une de ces écharpes insultantes et lui lançons un sort pour qu'elle se consumme en poussant des cris d'agonie. Tout à fait immature, mais tellement jouissif!*

- Tiens, chérie, elle va à ravir avec ton teint d'artichaud! ça sera toujours mieux que ce que tu portes de toute façon! *s'exclame Warren en la mettant au cou de sa propriétaire, une gamine de troisième année.* C'est vrai qu'avec ta tronche tu n'as pas vraiment le choix. *ajoute-t-il avec l'air de la prendre sincèrement en pitié.*

*Je vois la fille qui commence à pâlir sérieusement. Il faut dire aussi que les cris sont particulièrement réussis,peu puissants mais très bien immités. De plus le regard de Warren a de quoi faire peur... En passant je la bouscule, volontairement menaçant, Neve a un sourire moqueur carnassier et je saisis le clin d'oeil irronique que lui lance Warren avant qu'elle n'éclate en sanglots. Qu'elle petite nature!*

*Je hausse les épaules, je n'en ai strictement rien à faire du prochain match, on sait déjà tous qui va gagner et je trouve ça puéril de faire tout ce battage. En plus de ça, ça va chauffer les Serpentards et ils risquent d'être particulièrement aggressifs envers les joueurs de Poufsouffles. C'est donc complètement idiot de les asticoter. Enfin, on s'amuse comme on peut... Mon seul problème du moment, c'est Jolene. C'est Albus qu'elle venait voir, je ne peux pas me faire d'illusions à ce sujet... D'ailleurs, qui pourrait lui en vouloir? C'est vrai quoi, il est tellement flamboyant, à côté, personne n'existe. Je me sens las tout à coup, je voudrais aller dormir... Je ne vois pas comment je pourrais faire pour capter son attention...*

Je souris, pour ne pas pleurer. Eh oui, la semaine Hagrid, pas de possibilité d'y échapper, tout le monde le voit, et tout le monde le sent...

-Laisse-moi deviner, ce sont les algues dans les cheveux qui t'ont mis la puce à l'oreille? Oui, c'est ma semaine de torture... Ce qui fait que j'ai toutes les chances du monde de finir en stroumph avant la fin de la semaine. Le tout, ce sera d'éviter les bonnets blancs, soyons positifs...

J'entends soudain de petits cris déchirants plus qu'insupportables: Scorpion, j'aurais du m'en douter... Et les deux affreux qui l'accompagnent toujours... Je hausse les épaules, c'était couru! A exiter les serpentards ainsi, on ne peut que récolter ce genre de comportements. Même si les comportements en questions sont inacceptables. Pauvre gamine... Pourtant, Scorpion, il est tout à fait sympathique quand on le connait... Je lance un regard à Hugo et Lily:

-Vive l'ambiance... Ce n'est que du quidditch à la fin! Pourquoi ça les rend tous crétins?

Je repousse mon assiette, je n'ai plus faim.

-Et dire qu'on va devoir se re-taper les hystériques ce soir... Pitié!

Albus fait le tour de la cantine avec les écharpes, en grand vainqueur. Vainqueur de quoi, on se le demande!

Ah ces serpentards, aucun sens de l'humour! Il faut dire que ce n'était pas fait pour être drôle. Pauvre poufsouffle qui en a fait les frais... Bah, c'est pour la bonne cause! Je fais le tour de la cantine avec les écharpes en claironnant:

-Pour ceux qui veulent soutenir Poufsouffle, rendez-vous ce soir dans la salle commune des Gryffondors!

Je passe à côté de la table Gryffondor où je remarque que Rose est plus que crispée:

-Allez cousine, arrête de penser aux tritons! Fais la fête!

Je lui passe l'écharpe poufsouffle autour du cou. Mais sa réaction me surprend... Elle l'arrache, me la jette dessus et sort dans un regard noir. Wao, mais quelle mouche l'a piquée?

-Et toi Hugo, une écharpe? Allez, de l'enthousiasme!

*Je hausse les épaules à nouveau. Je m'en contre-fou de ce soir, parce que ce soir, je me mets au lit dès que je rentre au dortoir, ça m'évitera de gamberger. Je repousse son écharpe, je n'ai pas tellement envie de l'entendre crier si Warren et Scorpion me voient avec. Entre temps Lily est arrivée et je viens à peine de le remarquer. Décidément, ce n'est pas ma journée. Pour me faire mentalement pardonner, je décide d'être un peu plus prolixe et je demande donc à ma cousine*

- Alors, tu avais quoi toi ce matin, en fait?

Bonne occasion pour séduire Albus. Je m'approche, sans trop de précipitation, feignant le naturel. Je prends ma voix la plus douce pour murmurer:

-Moi j'en veux bien une, Albus.

Il se retourne vers moi, enchanté et me la passe autour du cou avec un sourire. Pas génial, mais c'est déjà un premier pas. je vais le travailler au corps, il ne peut pas m'échapper. Je pose les yeux sur celui à qui s'adresse Albus: un brun plutôt insignifiant. Et si approcher Albus passait par ce blaireau? A méditer, mais pas aujourd'hui, je n'ai pas l'énergie, juste celle de dédier mon plus beau sourire à Albus.

-Vive poufsouffle! Ce serait excellent si serpentard perdait!

Mais Albus se retourne déjà vers d'autres gryffondors, moi, je n'existe plus. C'est rageant!

- Ca les rend aussi débile car ils retrouvent leurs instincts primaires lorsqu'ils jouent au quidditch, et même quand il n'y joue pas. Ils vendraient même leur mère pour ne pas perdre un match.

Albus arrive avec ses écharpes et en passe une à Rose qui part furieuse après lui avoir jeté son écharpe à la figure.

- Allez passe m'en une Albus.

J'aime mon frère malgré son caractère pour le moins exubérant. Je le soutiens quoiqu'il fasse, la preuve, parce qu'en ce qui me concerne, je me fiche pas mal du quidditch. Hugo aussi refuse une écharpe, mais je crois que la raison est différente que celle de Rose.

- J'ai eu potion et divination. Et toi Hugo ?

- Moi aussi...

*Ah merde, j'ai tellement dormi que je ne me suis même pas rendu compte que ma cousine était dans le même cours... Bon, j'ai rêvé, d'ELLE, mais quand même, je m'en veux un peu...*

- Mon Dieu, je suis tellement, tellement désolé, je ne t'ai même pas vue... Je suis un peu... Préoccupé en ce moment...

Je souris à mon cousin.

- Pas grave, j'ai bien vu que tu étais préoccupé Hugo. Allez dis moi ce qui ne va pas.

*Je regarde autour de moi pour être bien sur que personne d'autre qu'elle n'entende. ça a toujours fonctionné comme ça entre nous, c'est ma cousine et une de mes meilleures amies, on a le même âge et on a grandi ensemble, alors c'est plus facile de lui parler à elle qu'à quelqu'un d'autre, forcément.*

- Bon, jure de ne pas le répéter à Albus! En fait je suis amoureux... Amoureux d'une fille qui n'en a strictement rien à faire de moi, je suis sur qu'elle ne connait même pas mon prénom... Tu sais, c'est Jolene...

*D'habitude elle n'est pas mon genre de fille, trop inaccessible, trop lointaine. Mais cette fille me rend dingue... Est-ce que c'est ça l'Amour?*

- Tu sais aussi bien que moi que je ne dirai jamais rien de tout ce que tu me dis à Albus, filer un secret à Albus, c'est le meilleur moyen pour que tout le monde le sache, sauf si je lui confie un des miens bien sur. Jolene, j'ai la forte impression qu'elle s'intéresse beaucoup à mon frère en ce moment.

Jolene, ah, le pauvre, c'est mauvais pour lui, ce n'est pas une impression que j'ai, c'est une certitude.

- Il faut t'accrocher et te faire remarquer par elle si tu veux qu'elle en ai quelque chose à faire de toi. Qui voudrait sortir avec toi quand tu fais cette tête là ?

*Pas faux. Elle marque un point, ma cousine! Sans pouvoir le contrôler, je sens un sourire se dessiner sur mes lèvres. Je n'attendais tellement pas cette réponse qu'elle me parait immédiatement être celle qu'il me fallait entendre. C'est toujours comme ça avec Lily, et c'est pour cette raison qu'elle est la seule à qui j'en ai parlé pour le moment. Elle semble toujours sortir d'un monde différent avec des remarques bien à elle. Pour ce qui est de ma tête, elle doit avoir raison, je ne dois pas être très beau à voir. Je pense une seconde à tout ce que je pourrais faire pour m'arranger un peu, mais tout ce qui me vient, c'est une grande trousse de maquillage... Du coup j'éclate de rire.*

- Oui tu as raison, j'ai besoin d'un bon petit ravalement de façade! Comment fait Albus pour se faire remarquer? Comment fait-il pour avoir un air si... Parfait? Quoi que j'essaye de faire à mes cheveux-ne rigole pas s'il te plait, j'ai vraiment tout essayé, du jaune d'oeuf au gel-ils se remettent toujours en place n'importe comment trois secondes après...

*J'ai bien besoin des conseils d'une fille à ce sujet, parce que moi franchement, je ne sais plus par quel bout me prendre.*

Ah, il sourit, c'est déjà mieux.

- Tu vois, quand tu souris tu es déjà beaucoup mieux Hugo.

Ah, Albus, toujours ce complexe vis à vis de mon frère, normal certes mais dommageable.

- Albus est attrapeur, ce qui déjà joue pour lui, c'est un avantage que tu n'as pas, ensuite, il a un don pour se mettre en avant mais aussi pour s'attirer les foudres des autres. Les filles sont atirées par son air rebelle et cowboy d'opérette, ce qui énerve les autres garçons. Et heureusement que tu n'es pas comme lui, un seul Albus dans le monde est déjà bien suffisant. Par pitié ne devient pas comme lui, ce serait un échec total parce que pour lui c'est naturel, pas pour toi.

Quand Hugo me parle de ses cheveux je ne peux m'empêcher de rire, et malgré son avertissement, je ris quand même.

- Tes cheveux sont très bien, ils font ton charme, le seul reproche que je pourrais leur faire c'est d'être trop court. Mais le conseil le plus important que je peux te donner, c'est de garder ce sourire que tu as en ce moment.

Albus est retourné du côté de cette greluche obèse et je m'ennuie ferme. Je traine un peu pour manger mon yaourth mais Albus ne revient pas. Que trouve-t-il à cette pauvre fille, mis à part qu'elle a le rire le plus tonitruant que j'aie jamais entendu! C'est assez incroyable quand on y réfléchit bien. Bon, allez, en route pour l'histoire de la magie. Je vais pouvoir dormir un peu. Lorsque je sors, je tombe nez à nez avec... Tonny. Oh bon sang non, pas lui! Comme à son habitude, il gémit:

-Salut, Jolene. Ca te dirait de venir avec moi à Pré au lard, samedi?
-Non, toujours pas.
-Mais pourquoi? On s'amusait bien, quand on sortait ensemble...
-Laisse tomber, tu me fais vomir. Pauvre type!

Sur ce, je tourne les talons et le laisse en plan. Non mais pour qui il se prend, ce bout de mou, à m'acoster comme ça? Vu la tronche qu'il tire en ce moment, il a plutôt intérêt à ne plus m'adresser la parole! Il va nuire à mon image, à répéter partout qu'on est sortis ensemble! A l'époque, il avait au moins une tête convenable!

Au moment où je rentre dans la grande salle, seul s'il faut encore le préciser, pour aller prendre mon déjeuner, je tombe nez à nez avec Jolene, l'une des plus belles filles de l'école si ce n'est la plus belle. Elle vient d'agresser, verbalement, le pauvre Tonny. Depuis leur rupture, c'est comme s'il n'existait plus pour elle. Mais au moins, lui, il est sorti avec. Son attitude me fait sourire.